vendredi 22 juillet 2022

MANAHI - TUAMOTU -

 

VERITABLE LABYRINTHE FLOTTANT 


L'archipel des Tuamotu est situé à l'Ouest des îles de la Société et au Sud des Marquises.

Des centaines d'atolls flottent sur l'Océan Pacifique. Mais l'accès à ces petites îles basses n'est pas simple pour le navigateur. Cet archipel est appelé "l'île dangereuse" par Bougainville dans les années 1800 et c' est un véritable casse-tête pour les capitaines de navire. En effet, les passes (interruption de la barrière de corail) qui permettent au lagon de se remplir et de se vider doivent être franchies à l'ètal de marée, sans trop de vent, trop de courant... La mer y bouillonne, les vagues se soulèvent... Bref, une vraie partie de plaisir. Il faut parfois faire des ronds dans l'eau plusieurs heures devant la passe si on vient de loin et que l'on n'arrive pas à la bonne heure.

Une fois franchi, reste l'étape du mouillage. Les fonds marins sont superbes mais parsemés de patates de corail. Les chaines des bateaux adorent s'entourer autour. L'avantage, c'est que l'on est bien accroché mais pour relever le mouillage c'est une autre histoire. Parfois, le capitaine descend avec les bouteilles pour démêler la chaîne, visualiser les fonds afin de manoeuvrer le voilier selon la disposition des patates et l'angle que la chaîne fait autour, tout ceci dans 12/15m d'eau et le vent qui souffle. On a pris l'habitude d'envoyer 2/3 flotteurs sur la chaîne.

Voici en quelques mots comment on vit notre présence aux Tuamotu, mais nous ne sommes pas surpris. Nous avions été prévenu (clin d'oeil à Christine et Michel du Cata Spica) - vent d'Est fort en Juillet/Aout/Septembre - mouillage difficile - passe agitée - navigation dans le lagon sous haute surveillance.

MAKANI A QUELQUES METRES DU HAUT FONDS DE CORAIL


Dimanche 17 Juillet 2022 : Cap sur l'atoll de Manihi -





                                MANIHI - BERCEAU DES FERMES PERLIERES




Nous levons l'ancre de l'île de Oa- Pou aux Marquises pour rejoindre l'archipel des Tuamotu. Notre route est direct vers les îles du Roy Georges. C'est avec un bon vent de travers que nous avalons les 150 premiers Mn puis éole prend du repos, le vent faiblit, nous envoyons le Gennaker et MAKANI se balade sur l'eau à 2/3noeuds. 


Pas grave, nous avons le temps et au petit matin du 3ème jour, nous attendons patiemment au large devant l'île de Manihi, la bonne heure pour franchir la passe.

L'ATOLL DE MANIHI SE DECOUPE AU LOIN

La veille, nous avions envoyé un mail via Irrdium à Xavier (xavier.michel@mail.pf) pour connaître l'horaire favorable et les conditions de la passe de Turipaoa. Il habite sur un motu à l'Est de Manihi et rend des services aux voiliers qui veulent faire escale.

La passe Tairapa  est calme et bien balisée , on est à l'étal de marée haute. Nous suivons les marques rouges et vertes dans le lagon pour jeter l'ancre non loin du village par 15m d'eau. Nous ne trouvons pas les coffres de mouillage. On apprendra par la suite qu'il n'en reste plus que 2 situés à l'Est devant un motu.

Nous avons l'impression d'être arrivés au bout du monde, dans un petit village de pêcheurs avec de nombreuses fermes perlières dans le lagon. Nous sommes le seul voilier dans cet unique village de l'île.

COURSE DE PIROGUE

Les festivités pour "la Heiva" se produisent tous les soirs pendant tout Juillet, sauf le dimanche, jour du seigneur très important en PF. Des cabanes de restauration et un chapiteau avec sono, estrade... sont montés sur le terrain de foot.

Nous assistons à des soirées de chant, de danse, Tik-Tok, de confections de couronnes de fleurs, de découpe de coco)... Les prix aux gagnants sont remis chaque soir. 


Samedi, c'est la journée consacrée aux jeunes du village avec des jeux : course de pirogue en feuille de palme, tir à la corde, course en sac...





Les ètudiants sont rentrés au village. Dans les îles éloignées comme Manihi, la migration scolaire n'est pas facile à vivre lorsqu'on a 11/12 ans. Le collège a fermé ses portes (un nouveau est en construction avec abri anti tsunami),  ils sont internes à Rangiroa puis Papeete. En raison de l'éloignement, ils ne peuvent revenir qu'une ou deux fois par an. Il faut faire sa place nous a raconté une jeune fille car il y a beaucoup de rivalité entre les jeunes de 3 archipels (Marquises-Tuamotu- Société) et même entre jeunes du même archipel. Mais elle a le sourire car elle est encore dans son île jusqu'à mi-Août, ce sont les vacances scolaires en PF.

L'île de Manihi est riche en poisson de toute sorte grâce à une décision importante ; mise en place de zone de restriction de pêche pour 5 années. Le comité des "sages" dont fait partie Fernand a bien oeuvré.




La passe et le bord de mer sont le lieu de rassemblement des pêcheurs. L'eau est chaude et transparente. Certains soirs, les poissons sont tellement nombreux que les habitants jettent un filet le long du port et ramène des centaines de poissons. Cette pêche appartient à tout le village, chacun ramène le poisson dans des cartons, des sacs, dans le panier des vélos (moyen de locomotion des habitants de l'île). Nous sommes vraiment impressionnés.




Une partie du poisson sera mangé rapidement, l'autre congelé ou mis au sel pour le garder très longtemps.

D'autres soirs, des jeunes attrapent des petits poissons avec des pics pour s'en servir d'appâts et taquiner les grosses pièces dans la passe. 



On prend du plaisir à les regarder mouliner, relâcher et recommencer pour sortir leur prise. Ils expliquent au capitaine comment il faut s'y prendre, quand, où...

Devant la quantité de poisson pêché, un jeune nous confie qu'il expédie plusieurs dizaines de kilos de poissons à sa famille à Tahiti, car la-bas tout est très cher. C'est le cargo "Doris" qui vient 1 fois par semaine et transporte les marchandises d'une île à l'autre depuis Papeete.

LE CARGO "DORY"

Les villageois sont bien organisés. Ils commandent directement sur des sites appropriés leurs vivres, matériaux... A l'arrivée du cargo, c'est un grand moment, les bons de livraisons sont récupérés auprès d'un employé de la compagnie de transport sur le quai de débarquement, après chacun peut prendre possession de ses achats.

Les quelques petits magasins de l'île remplissent ainsi leur rayon, les habitants leur armoire et leur congélateur.





Sur l'île, tout le monde se déplace à vélo, souvent électrique.

Ici, le froid est primordial, toutes les denrées ou presque sont congelées ; pain de mie, fromage râpé, viande... le beurre est en boîte. 

Nous lions amitiés avec Fernand, un villageois de notre âge. Au temps où Mahini était une escale pour beaucoup de voiliers, il participait avec Xavier aux services pour rendre le séjour des équipages agréables.

C'est un très bon marin, très bon plongeur, il habite sur le bord de mer et il a ouvert une boulangerie. Nous passons de nombreuses soirée en sa compagnie assis sur son banc, contemplant le coucher de soleil sur le lagon. 


Le capitaine passera pas mal de temps  pour essayer de réparer sa machine à glace, en vain il faut changer une pièce.

Nous visitons grâce à Kelly du petit atelier de fabrication de bijoux, une ferme perlière sur un motu au bout du lagon. C'est une entreprise familiale et ils sont en pleine période de greffe et de récolte.




Les enfants de la famille viennent nous chercher en bateau et nous font visiter leur installation. C'est la mère qui nous ramènera au village.

C'est très interessant de voir avec quelle dextérité le greffeur réintroduit le nucleus bio (acheté au  Mississippi) dans la poche reproductive de la nacre.






Je sors moi-même quelques perles de la poche de ces nacres, quelle magie cette puériculture. Quelle chance d'être en visite privée.


Je choisis quelques perles à acheter, je me vois offrir 1 kilo de la partie comestible de la nacre que nous dégusterons en salade, c'est délicieux, dans les restaurant c'est un met très cher.


Après le choix délicat de belles perles presque parfaites, je choisis 3 coquilles de nacre avec de jolies couleur arc en ciel.





SAPIN DE NOEL EN NACRE

Le lendemain, Kelly me fabrique avec mes perles un joli collier,  je suis comblée.


PERCAGE DE MES PERLES


LE PETIT ATELIER DE KELLY

Au village, nous rencontrons Petero, un vieux monsieur qui est le premier greffeur de toute la Polynésie. Il nous raconte comment il a pu développer cette technique appris avec les japonais. Manihi fut la première île à produire en grande quantité les perles noires de Tahiti. Malheureusement, la nacroculture n'est plus une activité florissante en Polynésie en raison de la chute du cours de la perle noire et de beaucoup de fermes perlières ont été abandonnées. 


Au village, le dimanche est consacré au réunion de famille et à la messe le matin.  


LES LIEUX DE CULTE SONT IMPORTANTS POUR LES HABITANTS


ORNEMENT EN CORAIL


Jeudi 21 Août 2022 : Cap sur Fakarava

Le départ vers Fakarava se profile, la météo prévoit un bon vent pour rejoindre l'île de la plongée à renommée mondiale. Nous savons que lever l'ancre va être très compliqué, Fernand vient nous assister et au bout de 2 heures de manoeuvre, enfin Makani est libre. Fernand nous précède pour le passage de la passe car bien sûr, nous avons manqué l'heure de l'étal, mais il connait la passe parfaitement et les effets du courant et c'est en toute sécurité qu'il nous fait longer le lagon et ses patates de corail.


 C'est avec une petite larme dans les yeux que nous lui disons "au Revoir et merci". Les jeunes en train de pêcher dans la passe nous applaudisse.


UN GRAND " MERCI " A  FERNAND


UN SOUVENIR INOUBLIABLE 

DE CE PETIT ATTOL SITUE A 500KM AU NORD-EST DE TAHITI 

QUELLE  ESCALE FEERIQUE ET MAGIQUE













mardi 19 juillet 2022

LES MARQUISES - 5/5 - ILE DE UA- POU

                                                     ARCHIPEL DES MARQUISES

                                                    TELLEMENT AUTHENTIQUE




                                                        



Uo Pou est une île peuplée de 2500 habitants environ  - C'est le berceau de la culture marquisienne traditionnelle.



Issus d'une lente évolution entre le feu, la terre et l'eau, ces pics phonolitiques confèrent a UA-POU son caractère unique dans le Pacifique.


Mercredi 13 Juillet 2022 : Mouillage dans la baie de Hakahetau


Départ de Nuku Hiva : Un dernier saut à terre pour récupérer notre bouteille de gaz remplie à Yacht Service, acheter du pain, trouver des oeufs ( difficile) et des produits frais (rares), quelques légumes au marché qui a lieu tous les matins sur le port.


Nos copains Ana et JB lève l’ancre un peu avant nous. Ils partent pour la baie d’Anahi au Nord puis les Tuamotus.


Vers 9h, le capitaine relève l’ancre, cap sur la dernière des îles que l’on va visiter - OA - POU. 

La navigation est soutenue avec 20 Nds de vent sur les 22Mn qui nous séparent.


C’est toutes voiles dehors que nous arrivons au Nord de la petite île dont on aperçoit de très loin la chaîne de pitons basaltiques en forme de pain de sucre qui s’élèvent à plus de 1000m. Certains en parlent comme un château de conte de fée avec ces 12 pitons mystérieux car les nuages semblent s’accrocher en permanence au dessus. 

Le parc patrimonial de Hakahetau ( la baie où l'eau se pose) s'étend sur 1050 hectares et offre des paysages naturels, des trésors écologiques et des richesses culturelles.


La petite baie offre un excellent abri de mouillage une partie de l'année. Elle offre aux marins un panorama des plus extraordinaires. L'arrivée des pêcheurs et le nettoyage des coquillages sont des scènes de vie courantes à Hakahetau.





De la musique parvient jusqu'à nous. C’est la Fête Nationale et les habitants se préparent pour les festivités.




Dans cette baie, nous serons à l’abri car un avis de vigilance a été lancé sur toute la Polynésie Française avec un épisode de houle jusqu’à 6m sur les Gambiers… mais on sait que l’on va bouger de toute façon même si aux Marquises le phénomène va s’aplatir.

De toute façon, on sera plus protégé de la houle que dans le port de Nuku Huva.


SEULEMENT 2 VOILIERS AU MOUILLAGE


On commence par visiter le village avec des enfants qui jouent au ballon, des habitants qui n’attendent qu’une chose; des histoires sur notre voyage. Ils ont souvent un membre de leur famille installé en France ou en Nouvelle Zélande. 


LE PORT EST LE LIEU DE RENCONTRE DES VILLAGEOIS




Le lendemain matin, nous sommes conviés aux festivités de la fête nationale.

 



    Le chant de la Marseillaise entonné par les habitants devant le drapeau tricolore est pour      nous , un grand moment d’émotion, on est si loin de notre pays, de notre famille.



Tous les mois de juillet pour la fête de la Heiva c’est une famille différente chaque année qui exploite la roulotte ( petit snack) dans la salle communale sur le port. Il y a du monde en permanence, le barbecue brûle toute la journée, les jeunes s’affrontent au volley-ball, les mordus de la pétanque se concentrent pour lancer leur boule près du cochonnet, les plus petits mangent des glaces, les plus grands font du toboggan sur la darse et se laisse glisser dans la mer…

Des concours de couronnes, de colliers sont organisés avec distribution de prix 








Cet endroit est vraiment le point nevralique du village. La fête commence au retour des groupes de danses partis à Fatu-Hiva pour le festival des Arts Marquisiens et s’achève fin Juillet.




 



La fête commence avec le concours de pêche, la course avec 30kilos de fruits sur le dos, le tir à la corde, les danses. Repas et boissons offerts à tous.





L’ambiance est très familiale, nous faisons connaissance d’Yvonne, dont le mari décédé était  l’ancien maire du village. Il avait à coeur de bien accueillir les gens de la mer en organisant pour eux des petites réceptions autour de chants, danses…





Sa fille Kuanui nous explique avec beaucoup d’émotion que son papa a été à l’origine de la création du festival des Marquises.


Il était Maire, instituteur et musicien. Avec une bande copains, dans les années 80, il réussit à réunir des artistes de tout le triangle Polynésien sur l’île de Oa-POU pour ancrer la culture Marquisienne pour les jeunes générations, et favoriser ainsi les rencontres homme -femme en dehors de leur île.

C’est ainsi qu’est né « le Festival des Arts Marquisiens » qui a lieu chaque année sur une île différente. Tous les 4 ans, le festival prend une plus grande dimension. En 2023, le festival aura lieu sur l’île de Nuku-Hiva.

Encore une rencontre incroyable pour nous, lorsqu'on connaît la portée du festival en Polynésie.



Kuanui nous propose le lendemain la visite du chef lieu de l’île - Hakahau - 





Elle y est enseignante à l’école primaire. Nous passons une agréable journée en sa compagnie. Elle connaît beaucoup de monde et les rencontres se multiplient. 

On savoure un très bon poisson cru au lait de coco à l’ombre dans le jardin d’une roulotte tenus par une de ces copines( C’est comme ça que l’on nomme les petits snacks en PF)


La roue qui mème au village est sinueuse , alternance de goudron et de piste longue la mer, passe devant l’aéroport d’ Aneou où seuls les petits engins et les hélicoptères peuvent atterrir car la piste est trop courte,  la mer est juste au bout de la piste.



En se promenant à Hakahau, on apprend que le groupe de danseurs et chanteurs de Ou-Pou donne un spectacle samedi soir pour les habitants de l’île qui n’ont pas pu se rendre à Fatu-Hiva.

Aussitôt, rendez vous est pris avec Kuani pour passer la soirée à Hakahau au Pae Pae (plate forme rénovée avec des pierres ) 


Kuani qui vit avec son petit ami, sa maman Yvonne, et son frère nous invite à déjeuner dans leur maison située en haut du village. Elle nous propose d’utiliser sa machine à laver. Quelle hospitalité complètement désintéressée.


Le soir venu, on reprend la route avec le 4x4 de Kuani pour assister au spectacle de danse traditionnelle dans le Pae Pae (plate forme rénovée avec des pierres ) 

Restauration assurée par les diverses roulottes-  dîner de poisson cru et de cochon sauvage 



DANSE DU HAKA





Retour vers minuit au port où son frère nous a laissé un régime de bananes dans notre dinghy.


Le lendemain matin, on hisse les voiles pour les Tuamoutu éloignés de 465 Mn. On aurait bien voulu rester à UA-POU mais la météo en a décidé autrement. A partir du milieu de semaine, le vent est absent pour plusieurs jours. Comme on ne navigue pas au moteur sauf cas exceptionnel, nous devons partir dimanche 17/07 au matin.


Ce sont toujours des moments pénibles lorsque l’on doit abandonner ces gens qui nous font tellement de bien lorsqu’on est si loin de notre patrie. Même si on les invite à venir nous rendre visite en France, nous savons pertinemment que ces familles n’ont pas les moyens de prendre de telles vacances.

Il nous reste à maintenir nos relations avec watshapp et se dire que l'on reviendra un jour.


                                                    

                                                    AU REVOIR LES MARQUISES


                                                   TU NOUS A MARQUE A JAMAIS






Juste un petit regret quand même, celui de ne pas avoir trouvé l'occasion de graver sur notre peau un petit tatouage Marquisien, symbole de l'identité Maori. C'était aux Marquises et nulle part ailleurs que je voulais le faire mais les tatoueurs sont peu nombreux et manquent souvent de matériel.